Entendez nos pas ♫

La brise de la plaine balayait les petites mèches fuyantes de sa chevelure dorée; elle portait ses mains sur ses nombreux épis avant de lever la tête vers le ciel, ce jour-là couvert d'un ravissant bleu doux et pâle et accompagné de nuages épais à l'allure cotonneuse. L'enfant patienta un instant, le temps que le très léger vent de la steppe fasse une éclipse, qu'elle espérait permanente. La petite blonde se remit à marcher, que dis-je, à trottiner d'un air plus ou moins joyeux en évitant les fleurs qui se hissaient ça et là sur son chemin et qui arrivaient parfois même jusqu'à son abdomen. Le regard bref et bleuté de la fillette se cibla sur une petite chose lumineuse et ailée, non loin d'une fleur presque aussi haute qu'elle (quand bien même la jeune demoiselle mesurait seulement 1 mètre et quelques brouettes) et qui semblait être décidée à tournoyer autour de la petite bretonne avant que celle-ci daigne tendre ses mains afin d'y réceptionner en leurs creux l'être féerique, qui d'ailleurs se posa tranquillement sur les petites pattes opalines de l'enfant aux sourcils épais, à cette époque.

La nouvelle arrivante s'avérait être une petite pixie qui, contre toute attente d'Angelina, semblait être étonnement bienveillante. Avec un sourire, certes timide, la fillette la salua et se présenta rapidement avant que la petite fée se mette à battre énergiquement des ailes avant de virevolter jusqu'à l'entrée d'une forêt voisine où elle disparut promptement. Haussant les épaules, la blondinette finit par s'y rendre également, connaissant à cet endroit un pommier dont les pommes en cette saison étaient rougeoyantes et pleines de saveur : parfaites pour servir de goûter à ses quelques frères et sœurs. Et c'est avec surprise qu'elle découvrit une petite tête brune dormir au pied du fameux pommier empli de vie, à la tignasse ébouriffée et décidément non disciplinée, "comme d'habitude" pensa la gamine alors que ses poings s'étaient appuyés contre ses petites hanches.


Aucune réponse. L'expression de la jeune fille changea lorsqu'elle imagina qu'elle parlait à un parfait inconnu, et s'abaissa légèrement dans le but de discnerner les tâches de rousseur timides qui -normalement- se parsemaient les pommettes de son grand-frère gallois. Un soupir -de soulagement sans aucun doute- s'échappa des petites lèvres de la petite fille quand elle reconnut alors bel et bien son frangin celte. Ses prunelles marines se focalisèrent sur l'un des fameux fruits de l'arbre éclairé par le soleil généreux présent ce jour-là. Bien décidé à aller le chercher, Angelina commença à grimper en haut de l'arbre afin de récupérer LA pomme la plus jolie à ses yeux, la plus colorée et la plus mûre, et inutile de préciser qu'elle se trouvait ... au sommet du grand végétal, âgé de beaucoup d'années déjà même si cela ne se voyait pas forcément au premier coup d’œil. Importunée par sa cape dont la teinte rappelait celle des feuilles du pommier, elle la retira en se tenant d'une main à une branche; n'importe qui qui passait par là aurait pu la prendre pour une folle ou même une petite dévergondée n'ayant pas froid aux yeux et pour qui le mot "danger" n'était pas dans son vocabulaire. Qu'importe, une fois la cape détachée, elle la laissa tomber jusqu'au sol où le cerf était maintenant couché près du second enfant plongée dans les bras de Morphée. La tornade blonde se crispa en sentait une de ses petites chaussures tomber près de son vêtement verdâtre déjà délaissé; elle ne jura pas, mais serra les dents en évitant tout de même de faire trop de bruit lors de sa petite escalade personnelle.

Cinq longues bonnes minutes devaient être passées maintenant, et la petite avait enfin atteint le haut du pommier sans user de tous ses efforts cependant. S'appuyant contre le tronc, elle dirigea sa main vers le fruit, réussissant à l'effleurer du bout des doigts avant de l'attraper complétement en avançant un peu -en manquant de tomber au passage-. Serrant la pomme contre elle, Angelina glissa le long de l'écorce de la grande plante avant de poser définitivement les pieds à terre et de ré-équiper de ses chaussures et de sa cape dont les pans étaient ramenés devant le corps de la bretonne; ainsi, elle en profita pour s'installer en tailleurs entre le cerf et son frère, laissant ses deux longues tresses l'entourer comme deux serpents dorés qu'on oserait à peine toucher. Et elle resta un bon moment assise près de l'entrée de la forêt où dormait le petit gallois.

Mais qu'en était-il de la petite pixie qu'avait croisé  l'enfant ? Figurez-vous que c'est à ce moment précis où la blondinette y songeait qu'elle sentit une chatouille sur son nez, ce qui la força à ouvrir les yeux et de découvrir la créature aux ailes resplendissantes et limpides à la fois; elle lui sourit de nouveau et pencha la tête sur le côté lorsque la pixie semblait vouloir lui dire quelque chose. D'un geste vif, la petite fée lui indiqua le fond de la forêt et tourbillonna sur elle-même quand Angelina lui avait demandé si son intention était de l'emmener au cœur du massif forestier; elle resta tout de même perplexe en y réfléchissant un peu plus, après tout les pixies étaient censées être des petites créatures au tempérament farceur et aimant faire des bêtises. Elle hésita un instant en regardant Nigel, et s'approcha doucement de lui avant de secouer lentement son épaule pour ne pas le brusquer.
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Autant le dire d'emblée, tirer le gallois de son sommeil n'était pas une mince affaire. Et pourtant, elle cligna des yeux en le voyant ouvrir les siens, et reprit sa place d'origine; c'est à dire sur l'herbe, près du cerf. Mais alors qu'il ouvrait ses bras d'une façon exagérée, les prunelles de la petite fille se mirent à briller, et, curieusement, elle se releva. Entendre parler de dragons et autres créatures magiques la faisait toujours tressaillir, et elle s'approcha avec une douceur impressionnante vers son aîné, avec la tête baissée, avant de saisir un morceau de son haut et de relever son regard vers celui du Celte. Elle patienta un instant, et profita de la minute où il lui prêtait un peu d'attention pour lui montrer sa main, cachée par sa cape; dès lors, elle lui tendit la pomme à la couleur similaire à ceux des pommettes d'Angelina, qui craignait une réaction négative de la part de Nigel. Mais, pensant définitivement se faire envoyer balader, elle s'écarta d'un pas.


Déclara la blondinette en se hissant sur la pointe des pieds tout en levant sa main bien au-dessus de sa tête pour lui faire comprendre la hauteur du pommier. Son geste fit relever un peu sa robe, dévoilant alors ses petites jambes recouvertes de quelques écorchures dues à son aggravation. Mais la tête blonde n'y prêta pas attention et s'occupa plutôt de remettre ses tresses devant son corps pour éviter qu'elles ne traînent derrière elle. Et dès que sa petite occupation fut achevée, elle se rapprocha de nouveau vers le petit brun et déposa au creux d'une de ses mains le fruit rouge de vie et s'écarta de nouveau, tournant désormais autour de lui d'une façon sémillante.


La fillette s'interrompit dans ses mouvements et s'approcha de son frère avant de l'entraîner dans une étreinte très rapide pour ne pas lui provoquer un quelconque agacement, et se mit à une certaine distance de lui avant d'ouvrir la marche, devenue subitement placide. Le chant des oiseaux et les clapotis de l'eau des petites cascades qui se trouvaient dans la forêt suffirent à la réduire au silence; ses yeux commencèrent à se fermer alors que les sentiers guidaient ses petits pas. Un bruit provenant d'une chose furtive semblant frôler un buisson, ou du moins quelque chose dans ce genre la fit sursauter et, par conséquent, ouvrir ses yeux.


N'importe qui aurait pu deviner qu'Angelina était toute chose rien qu'à l'idée de croiser cette créature légendaire. Et pour cause, sa petite main vint rencontrer celle du gallois pour l'entraîner vers le fameux buisson ...



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Lentement, ses traits s'étirèrent en un sourire plus ou moins rassuré quand elle remarqua que Nigel dégustait la pomme qu'elle avait, on pouvait le dire, galéré à cueillir. Même si l'autre gamin n'avait tiré aucun remerciement et fut pris d'une quinte de toux suite à son enlacement, cela n'avait aucune importance à ses yeux même si il n'avait pas renvoyé le moindre air de reconnaissance; il avait accepté son cadeau, c'était tout ce qui importait, et l'avait même, semblait-il, apprécié. Un peu plus détendue, elle releva la faciès en le voyant déposer sur le sommet de sa tête l'esprit des bois, les ailes faiblement abîmées par sa chute dans les quelques brindilles qui constituaient principalement le buisson où elle s'était réfugiée. Elle lui chuchota quelques petits mots confiants qui eurent pour effet de la stabiliser dans la premier temps, et la fée prit place entre les mains de la petite fille qui la serra avec précaution contre sa robe victime de tâches et de très légères déchirures. Elle la taquina naïvement de son doigt en suivant son frère qui avait pris les devants. Pourtant, aucun signe de déception n'était ressortit du visage d'albâtre d'Angelina quand ce n'était pas un dragon qui avait été découvert par son frère, mais cette petite fée qui manqua de s'endormir peu à peu sous les soins que lui offrait la fillette.

Remarquant que son frère s'était allongé dans l'herbe hydratée, elle se mit à genoux à ses côtés et cessa ses affections sur l'être féerique quand il se redressa pour lui parler de la suite de leur  excursion à travers la forêt. Elle lui prêta une oreille attentive alors que son frère lui faisait part de son récit. Tout ce qu'Angelina fit, ce fut un acquiescement; rien de plus, ni de moins. Effectivement, elle savait déjà de quoi il parlait, mais s'était réservée la politesse de ne pas le couper dans sa tirade dans laquelle il parla d'une wyverne. Dommage pour lui, car elle avait bien entrevu le trouble qui peignait son joli petit minois de gallois; elle haussa un de ses sourcils volumineux. Ce n'était pas bien étonnant, les wyvernes n'étaient pas connues pour leur gentillesse et leur patience. Elle surprit le petit brun qui s'était mis à humer l'air; tout en gardant la créature volante contre elle, Angelina en fit de même sans y prendre gare. Mais le parfum (si on pouvait appeler ça ainsi, car il était plus désagréable qu'autre chose) irritant des flammes créées par son frère au sein des bruyères obligea l'enfant à se tourner vivement, fixant avec prudence le côté opposé à la chute d'eau devant laquelle les deux représentants s'étaient posés. Plus pour longtemps pour la plus jeune qui se leva après avoir déposé soigneusement la fée sur une pierre tout près de la rive; sans quitter l'autre zone forestière, elle s'adressa à son frère.


Cramant d'impatience, elle remit ses talents d'escalade à l'épreuve. En moins d'une vingtaine de secondes, elle se retrouva de nouveau perchée sur une branche de l'arbre enraciné juste à côté de son compagnon aux cheveux sombres, ce qui lui permit de rester debout et de voir, plus rapidement qu'un éclair en tout cas, les bruyères enflammées, source de l'odeur déplaisante qu'ils avaient reniflée peu avant sa découverte. Ni une ni deux, elle quitta son poste et s'accorda le droit de venir voir d'un peu plus près les plantes, la douce chaleur en vint même jusqu'à l'enivrer un peu.

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